Il est 13h00, mardi le 4 septembre 2012. Jour d’élection. Ici, mon sujet d’actualité est plutôt la naissance d’un enfant… Stéphanie commence à m’envoyer des textos de façon plus régulière depuis quelques minutes. Le bébé bouge, la bedaine se contracte, elle croit bien que c’est l’heure pour Mély-Anna de voir le jour. Les contractions sont douloureuses et intenses. Le bain, le repos, plus rien ne fonctionne. Je suis en route vers la résidence de mes parents qui est voisine de l’hôpital. Je suis aux aguets, j’attend la moindre petite nouvelle. J’ai finalement un nouveau message, je vais les rejoindre à l’hôpital. C’est un Mathieu, tout sourire, qui vient me rejoindre à l’entrée. Stéphanie est en haut, elle a une tonne de contractions. Toutefois, l’infirmière n’est pas du même avis. C’est peut-être une fausse alerte, elle nous retourne à la maison vers 16h00. On continue de se parler à distance, toutes 2 fébriles. Pas moins de 1h30 plus tard, nous sommes de retour à l’hôpital, la douleur est trop forte.
C’est vers 19h00 que Mathieu, Stéphanie et moi retournons à l’hôpital pour voir si on peut être admis. Il y a plusieurs futures mamans, elle n’est officiellement pas la seule qui veut accoucher. La préposée nous demande d’aller marcher quelques minutes pour permettre au travail de continuer. Une marche douloureuse et longue pour notre future maman. Nous faisons des tours d’hôpital, pas question de s’éloigner. On blague, on rit, on essai de changer les idées de Stéphanie, mais plus on marche et plus le visage de celle-ci change. La douleur, l’exaspération, l’impression d’être engouffrée dans ce mal… La douleur est simplement plus endurable. Nous décidons de retourner à l’admission vers 19h25, pour finalement obtenir une chambre sur le champ. Les contractions laissent de moins en moins place aux sourires. Les moments de répit sont tout aussi rares. La douleur se fait maîtresse de la chambre. Nos conversations coulent, mais laissent peu à peu place au silence au moment des contractions. L’impuissance la plus totale. Un à un les spécialistes défilent, Stéphanie est de moins en moins apte à répondre aux questions. Mathieu prend le relais pour laisser sa douce souffler. Elle a finalement la fameuse piqûre qui atténuera ses douleurs et le calme revient environ 15 minutes plus tard. On vérifie que bébé va bien, on écoute son coeur, mais quelle belle mélodie à mes oreilles. Un petit coeur pétant de santé, je me retiens pour ne pas pleurer devant ce magnifique moment.
Le temps passe et Mély-Anna s’en vient rapidement, elle est prête, elle veut nous voir. Docteur Rousseau est arrivée, on peut maintenant la faire sortir. D’ailleurs, petit moment cocasse, la Docteur en question est aussi une de mes clientes que j’adore et qui vient régulièrement me voir. Stéphanie et elle se faisaient donc des blagues à ce sujet. Il fallait bien que c’est deux personnes exceptionnelles se rencontrent. Et quel moment idéal! Très rapidement cette petite merveille de bébé montra ses premiers cheveux pour ensuite laisser glisser le reste de son corps. Elle est belle, elle est rose, des petits yeux qui nous observe. Sa mère aussi est belle, épuisée, elle vient de créer la vie. Une magnifique et minuscule vie… C’est à ce moment que Mathieu, le papa, me tend les ciseaux pour couper le cordon. Il avait fait des blagues auparavant à ce sujet, mais je ne le croyais pas sérieux. Pour moi, c’était le travail du papa et c’était absolument normal que ce soit lui qu’il le fasse. J’avais tellement été dans leur intimité, je n’en demandais pas tant. Mais d’un regard approbateur et en me placent les ciseaux dans la main, le sourire aux lèvres, j’ai finalement osé et accepté. À ce moment même, il n’y avait plus rien qui comptait que tout l’amour présent dans cette chambre. Les larmes aux yeux, j’ai coupé le tout. Au diable les élections, au diable le malheur du monde, au diable l’heure qu’il est. Ils venaient de créer le bonheur, la vie.
Cet expérience a été pour moi unique. Je n’ai pas d’autres mots. C’était tellement particulier de pouvoir entrer autant dans l’intimité d’une famille. Je me sentais privilégiée de pouvoir assister à un moment que peu verront. D’y assister est une chose, mais de me sentir acceptée et d’avoir l’impression de faire partie de leur vie l’instant d’un moment c’était magique. Stéphanie et Mathieu, j’ai vécu de grands moments avec vous, votre mariage, l’évolution d’une grossesse, la naissance de votre petite fille et je ne vous en remercierai jamais assez. Vous m’avez fait évoluée en tant que photographe, mais aussi en tant que personne. Je vous aime beaucoup et je vous souhaite tout le bonheur du monde avec votre nouvelle venue!
Un merci tout spécial à Docteur Rousseau pour sa présence en or. C’est aussi un immense plaisir de vous compter parmi mes clientes.
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Limoilou: L’invisible petite fille de la ruelle
Perchée au troisième étage d’un triplex de la 10e rue, j’ai le monde à ma portée. De cette tour de Limoilou, je peux scruter le