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Photographe: La vie après le deuil

La première fois que j’ai rencontré Marie-Christine et son conjoint Dominic, ils attendaient leur premier enfant et j’ai tout de suite adoré ce couple. Des gens simples, qui aiment rigoler, qui ne se prennent pas au sérieux. Ce genre de personnes avec qui j’aime créer, qui font de mon travail un pur bonheur. Au moment où je me suis lancée à mon compte, c’était exactement le type de relation professionnelle qui me faisait rêver et que je tenais à avoir. Recevoir des clients chez moi, comme si c’était des amis. Encore aujourd’hui, malgré le temps qui a passé depuis leur première séance, c’est encore ce que je ressens envers eux. J’irais même dire qu’avec toutes les émotions qu’ils m’ont fait vivre par procuration, ils occupent une place de choix dans mon coeur de photographe…

Leur histoire d’amour est unique, leur vécu tout autant. Avant même de publier cet article, il était important pour moi qu’ils en fassent la lecture. Je sais que je toucherai une corde sensible et que je soulèverai probablement quelques émotions autant pour eux que pour vous. Sachez que je ne publie jamais des articles aussi intimes sans même avoir l’accord de mes clients. Alors voilà, après avoir réalisé les photographies de maternité, puis deux séances de famille, j’avais officiellement adopté ce trio. J’ai toujours l’impression de faire un peu partie de la vie des gens lorsqu’ils viennent me voir régulièrement. On échange sur tellement de sujets et je suis là dans un moment si important de leur vie qu’il est difficile de faire différemment.

Lors de la deuxième grossesse de Marie-Christine, tout ne s’est cependant pas déroulé comme il se devait. Bien que nous n’avions pas réellement de contact mise à part que par Facebook, j’ai été inquiète lorsqu’elle a publié une photo, enceinte de 20 semaines avec des fils connectés à son corps. On pouvait alors comprendre qu’elle était désormais à l’hôpital. Je me disais que comme plusieurs mamans, elle devait dorénavant être en arrêt forcé. Sans penser à la suite… Puis, dans les heures suivantes, fut l’annonce de l’arrivée de bébé, mais aussi de son décès… De celui qui était désormais un petit ange, trop petit pour la vie. La nouvelle tomba comme une bombe. Un minuscule amour né finalement trop tôt et qui devait dire aurevoir peu de temps après son arrivée. Je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer à ce moment précis, de grosses larmes coulaient sur mes joues en pensant à ce que ce couple si merveilleux devait vivre. Comme plusieurs personnes de leur entourage probablement, je me suis sentie impuissante.

Ne sachant pas comment leur venir en aide sans me mettre les pieds dans les plats, je devais trouver une façon de leur envoyer du positif. C’est ce que je m’étais donné comme «mandat». J’étais profondément attristée par cette terrible nouvelle. Ne voulant pas m’incruster à eux ou les brusquer dans un moment si pénible de deuil, je me demandais comment je pouvais leur offrir une parcelle de bonheur. C’était ça au fond que je voulais leur offrir, un peu de joie. Alors, de connivence avec une de leur amie proche (Véronique) qui avait déjà réalisé une séance avec moi, je lui ai demandé si elle pouvait «voler» Maélie, la petite fille ainée du couple, en prenant soin de lui demander si elle pensait que je pouvais la photographier en cachette. Pour leur rappeler ce petit rayon de soleil, ce bonheur sur deux pattes, leur offrir un sourire lorsqu’ils regarderaient les photos… Après tout, c’est mon travail dans la vie d’offrir d’immortaliser le bonheur. Je savais que je marchais sur des oeufs, chaque personne vit son deuil différemment et particulièrement lorsqu’il est question d’un deuil d’un nouveau-né. Alors j’ai pris bien soin de vérifier et double vérifier avec l’amie en question. Elle m’assurait que c’était certain qu’ils apprécieraient mon idée, qu’ils seraient touchés de mon initiative puisqu’ils adoraient mes photos et aimaient mes services. Alors, Véronique a «kidnappé» Maélie le temps d’une demi-journée. Je me suis rendue chez elle et j’ai pu prendre quelques photos de la petite en cachette. Le jour même, j’envoyais les photos et un petit message d’encouragement par courriel à Marie-Christine qui ne se doutait de rien. Ce n’était pas grand chose pour moi, mais je devais le faire, je le sentais depuis que j’avais eu vent de cette triste annonce. J’avais besoin de trouver une façon d’apaiser un peu leur douleur, aussi simple soit la méthode en question. Je ne pouvais pas prendre leur tristesse sur mes épaules, mais je pouvais du moins contribuer à leur réconfort…
Aujourd’hui, un peu plus d’un an plus tard, j’ai eu l’immense bonheur d’immortaliser la grossesse de leur 3e amour. Un bébé qui se développe bien, presqu’à terme et qui rend Marie-Christine tellement resplendissante. De voir leur bonheur, leur sourire, après tous les orages qu’ils ont surmontés. C’est beau. Ça m’émeut, car je les trouve sincèrement magnifiques ensemble. D’avoir passé à travers ça et d’être encore si amoureux, d’avoir tenté leur chance à nouveau d’accueillir une nouvelle vie. Ça m’a fait chaud au coeur, vraiment. Marie-Christine et Dominic, sachez que vous occuperez toujours une place dans mon coeur de photographe, mais aussi de maman qui comprend à quel point votre histoire est unique. Cet article n’est pas pour mettre l’accent sur la tristesse passée, bien que je n’oublierai jamais la présence de votre petite étoile, mais plutôt pour souligner votre bonheur actuel. Je lève un verre à vous, à votre amour. Bien que je sais que vous ne crierez probablement pas victoire avant de l’avoir dans vos bras, je veux vous dire que je suis heureuse que la vie ait mis sur votre chemin la possibilité d’accueillir un autre enfant.
Je sais que plusieurs mamans vivent des histoires comme la leur. Parce qu’avec mon travail de photographe, je côtoies malheureusement trop souvent des fausses-couches et des décès… Mais surtout, je sais que cet article, leur histoire, pourra donner espoir à plusieurs femmes et couples qui vivent des moments difficiles après avoir vécu un deuil périnatal. Après la pluie et les orages, il y a le beau temps. J’ai hâte de te voir la binette petit homme.
Une trace de leur petit homme né trop tôt… (Photo de Marie-Christine)
Nos premières séances…

 
Une photo de la séance surprise:
Une troisième grossesse qui se déroule bien…

 
 

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