La possibilité de devoir accoucher sans accompagnateur dans certains hôpitaux rend actuellement plusieurs futurs parents québécois très nerveux. Travaillant avec les femmes enceintes depuis plus de 10 ans, mais étant aussi enceinte de mon troisième enfant, je dois avouer que cette situation me préoccupe beaucoup. Pourtant, l’OMS (l’Organisation mondiale de la Santé), qui est présentement citée dans tous les médias, n’a pas seulement son mot d’ordre concernant le Coronavirus. Et non! Leurs recommandations de pratique au niveau de l’accouchement sont nombreuses. L’une d’elle? Qu’il est recommandé qu’une femme qui accouche soit accompagnée d’une personne en qui elle a confiance.
Est-ce qu’on peut profiter d’une pandémie pour limiter les droits humains fondamentaux? J’espère que non! l’ASPQ l’affirme, accoucher accompagné de la personne de notre choix pendant tout l’accouchement est un droit. Le gouvernement canadien tend vers les mêmes recommandations pourtant:
«Le soutien aux femmes pendant le travail actif et la naissance augmente de beaucoup la satisfaction de la famille envers l’expérience de naissance, réduit l’usage de médicaments et les interventions et accroît l’attitude positive dont les femmes ont besoin pour prendre soin de leur bébé.».
Donc, si on en suit ces affirmations, priver une femme d’un accompagnement pourraient avoir des répercussions néfastes sur l’accouchement et l’arrivée de bébé! L’OMS le reconnaît aussi le droit à une expérience positive dans un guide concernant les pratiques d’accouchement:
«On définit une expérience positive de l’accouchement comme une expérience qui remplit ou dépasse les attentes et croyances sociales, culturelles et personnelles existantes d’une femme, ce qui inclut l’accouchement d’un enfant en bonne santé dans un environnement clinique et psychologique sûr avec le soutien pratique et émotionnel continu d’un ou de plusieurs compagnons d’accouchement et de personnel clinique bienveillant et compétent sur le plan technique. »
Pour la majorité des mères, le/la conjoint(e) n’est pas qu’un accompagnant. C’est une personne active tout au long du travail et de l’accouchement. Que ce soit pour soulager des douleurs en appliquant des points de pression, en massant, en serrant, en caressant ou en en aimant. En plus d’aider la mère, l’accompagnant(e) peut apporter soutien psychologique et physique de confiance dans un moment où elles se sentent hautement vulnérables. Dans un environnement hospitalier qui ne leur est pas familier, la présence d’un visage connu est une source d’apaisement primordiale. Il est sans noter qu’une personne ressource puisse enlever une charge de travail considérable au personnel médical déjà en surcharge en temps de crise. En apportant de l’eau, des serviettes et en s’assurant du bien-être de la patiente. Et les mamans le savent, on se sent toujours plus à l’aise de demander de l’aide à notre conjoint qu’au personnel infirmier. Et ce, peu importe leur niveau de compétences. C’est un moment intime et unique que l’on souhaite partager par amour.
Est-ce qu’il y aurait des risques potentiels à l’idée de faire accoucher les femmes seules? Je me questionne!
- Anxiété accrue avant et pendant l’accouchement : On ne mentionne pas déjà que le stress nuit aux foetus? En tant de crise, les futures mamans en souffrent déjà suffisamment!
- Mauvaise gestion de la douleur menant à des interventions non-necessaires: Est-il possible qu’une future maman sans accompagnant ait recours plus rapidement à la péridurale ou à une césarienne?
- Aucune personne ressource pour prendre des décisions si la mère n’est plus apte à consentir: Et si quelque chose tourne mal et qu’une décision rapide est de mise, c’est entre les mains du personnel uniquement que les décisions se prendront?
- Des traumatismes face à l’accouchement : L’accouchement peut être un événement heureux ou un traumatisme. N’augmentons pas les risques de traumatisme?
- L’expérience négative pourrait-elle nuire au lien d’attachement des parents envers l’enfant?
- Des femmes enceintes qui décident de rester trop longtemps à la maison ou d’accoucher sans aide à la maison?
- Le refus de soins pour rentrer à la maison? Mettrons-nous à risque des bébés?
- Difficulté d’adaptation et moins de repos post-partum pour la mère
- Difficulté à l’allaitement? La mère affaiblie a besoin d’aide quand elle débute un allaitement. Je ne sais pas vous, mais en salle de réveil après la césarienne, c’est mon conjoint qui a mis bébé au sein seul. Mes bras étaient trop engourdis.
Il est aussi sans dire, qu’alors qu’on tente depuis des années de mettre la santé mentale au même niveau que la santé phyisique, de telles décisions démontrent que l’égalité n’est pas acquise. On assure la santé physique de la mère au détriment de leur santé mentale. De nombreuses mères sont actuellement en détresse et extrêmement angoissées à l’idée d’accoucher seule. L’accouchement, l’accueil d’un enfant à la vie, devrait permettre une expérience positive. Et ce, peu importe la situation sanitaire. Quelques pommes pourries ne peuvent pas tracer le chemin pour tous les parents qui suivront à la lettre les recommandations.
Pourrait-on mettre en place des mesures plus humaines? Voici quelques suggestions:
- Test de dépistage à quelques jours de la date prévue d’une césarienne ou d’un déclenchement
- Confinement total sans sortie dans les 3 semaines précédents la date prévue de l’accouchement
- Prise de température et évaluation à l’arrivée des deux parents
- Questionnaire dont un mensonge peut mener à l’arrestation d’une personne faisant de fausses allégations.
- L’obligation à rester dans la chambre pendant le séjour
- L’interdiction d’accéder à la pouponnière
- L’obligation de porter un masque pendant les contacts avec le personnel
- Le personnel soupçonne un mensonge? On expulse le demandant!
Voici mon humble opinion de future maman, mais aussi de l’amie et photographe de nombreuses femmes qui accoucheront sous peu…