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L’art: Banaliser la performance. Récompenser l’effort. La meilleure solution?

Sarah Tailleur Photographe, cégep sainte-foy, graphisme, design, photo, photographie

Je deviens de plus en plus consciente de mes articles. Je sais maintenant d’avance ce qui choquera et ce qui sera difficile à avaler. Au risque de déplaire, au risque de susciter des réactions, j’en suis venue à une réflexion. Je parlerai d’art, quand je dis art, on passe de la photographie au design graphique, en arrêtant par la retouche ou encore le vidéo. Dans cet article, je parlerai majoritairement de l’art qui se veut un métier, un gagne-pain. Donc, si vous faites de la sculpture dans votre sous-sol par passion, sans ambition autre que de satisfaire vos envies artistiques, cet article n’est pas écrit pour vous. Je viserai une clientèle qui vise le mérite, mais surtout un salaire et une carrière.
Lors de mes études en graphisme au Cégep de Sainte-Foy, j’ai appris que la qualité d’un travail se méritait. Elle n’était pas acquise et ce n’était surtout pas parce qu’un travail était réalisé qu’il était réussi. De plus, chacun a des forces et des faiblesses. Je savais que la photographie était un domaine où je pouvais performer, mais je n’allais pas me vanter de mes talents douteux en intégration Web ou en animation et ce, même si j’aimais ça. Il y a une différence entre aimer un art et performer dans un art. S’ajoutant à ça, aucun enseignant me louangeait seulement pour me faire plaisir. On me félicitait si je le méritais, mais on me félicitait aussi pour le résultat produit. Pas uniquement pour les efforts que j’y mettait. On attendait de moi un résultat de qualité, du professionnalisme. Toutefois, mon parcours universitaire et professionnel me prouvent parfois tout le contraire de ce que j’ai appris. On encourage le manque de talent par peur de dire la réalité. On donne des bonnes notes, on ne critique plus, on se tait. On ne veut pas blesser et on préfère croire que tout le monde est talentueux. De ce fait, tout le monde se croit talentueux. En art, c’est tabou de juger du travail d’autrui, qui on est pour juger? Mais parle t’on d’un jugement ou d’un service que nous rendons à quelqu’un lorsque nous lui disons que le résultat n’est pas à la hauteur? La facilité c’est de dire que tout va bien, la difficulté c’est de mettre les bouchées doubles pour y arriver ou même d’accepter qu’on est pas fait pour ça. Si un étudiant en chirurgie est imcompétant, l’enverrons-nous faire une opération à coeur ouvert? Non. Il assumera un échec. Par contre, il pourra s’améliorer en pratiquant, mais peut-être n’aura t’il aussi jamais sa place dans le domaine de la médecine. En art, on ne risque pas de tuer, de blesser, alors banalisons l’importance du résultat et des capacités qu’un artiste talentueux doit avoir. Pourquoi est-ce qu’en art on devrait toujours avoir A+ pour ce que l’on présente? Pourquoi récompenser uniquement l’effort et en oublier le résultat? Est-ce un nuage de bonheur que nous vendons?
Je ne remercierai jamais assez mes enseignants au Cégep. Ceux qui m’ont parfois fait mal, parfois blessée, parfois même fait pleurer, mais au combien grandir! Ceux qui m’ont appris que la critique était utile et que notre travail devait répondre à notre clientèle. Lorsqu’on vise de gagner sa vie avec son art, on ne peut pas uniquement penser satisfaire nos besoins artistiques pour nous-même… On doit répondre à un client. Un client qui a des envies et qui veut un travail réussit. Un travail qui se veut professionnel, qui se veut technique autant qu’artistique. Ai-je le droit de viser la performance? Résultat de mes efforts? Je me promets donc de ne jamais banaliser la performance, car c’est la réelle récompense de mes efforts. Une performance échouée, équivaut à des efforts sans résultats. J’aime mieux réessayer que de me féliciter pour un échec.
Bien que je parle de mon expérience quant à mes études collégiales, il est à noter que ce sont mes impressions qui en ressortent. Le Cégep de Sainte-Foy n’a pas approuvé mes dires, il s’agit bien de ma façon d’interpréter leur enseignement.
Sarah Tailleur Photographe, cégep sainte-foy, graphisme, design, photo, photographie
 
 

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