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L’envers du décor… Des mini de Noël!

Cette année, contrairement aux années précédentes, j’ai décidé de ne pas réaliser de mini séances de Noël. En tant que photographe, cette tendance semble désormais un passage obligé pour faire une passe de cash en novembre et compétitionner avec l’offre exagérée. D’ailleurs, c’est une autre photographe professionnelle qui m’a fait la demande spéciale d’écrire sur le sujet. C’est rare que j’écris sur demande, mais son appel à l’aide était tellement sincère que j’ai voulu lui offrir les mots qu’elle n’arrivait pas à trouver. Cette année, je remarque aussi que de plus en plus de photographes choisissent d’accrocher l’appareil et de ne plus réaliser de mini séances de Noël. C’est pourquoi je vous démontre l’envers du décor des mini séances de Noël!

Stress, pression et travail à la chaîne pour les mini séances de Noël 

Réaliser des dizaines, parfois des centaines de séances en 2 à 3 semaines de novembre… C’est beaucoup! La rentabilité du modèle d’affaires des mini séances de Noël est basée sur la quantité. En prenant le maximum de clients, le photographe peut rentabiliser l’investissement de son décor et s’assurer d’un revenu intéressant. Oui, certains peuvent même en faire pour 20K en un mois. Le temps de renflouer les coffres pour un hiver triste. C’est intense. Évidemment, pour offrir un prix économique à chacun et concurrencer avec les offres du marché, il doit en faire beaucoup! Toutefois, travailler sous pression n’est pas sans conséquence. Physiquement parlant, c’est exigeant de shooter autant pendant de longues périodes. Les journées de mini sont longues, l’appareil est lourd, les maux de dos embarquent et la fatigue d’autant d’heures de travail est intense. Psychologiquement, c’est une grande pression que de vouloir offrir un service de haut niveau à tous ses nombreux clients. En tant que photographe, on veut tellement que chaque client aime son expérience qu’on se démène pour nos 101 clients. Ainsi, quand on termine nos mini séances, nous sommes complètement vidés.

Retards, annulations et mini séances de Noël chamboulées

Sur papier ou dans notre calendrier, l’horaire fonctionne à merveille. Un client qui a un rendez-vous de 20 minutes, 15 minutes de pause et un autre client qui arrive. Dans les faits, c’est rarement ce qui se produit. D’un autre côté, si le temps de pause est trop long, le photographe doit réduire son nombre de séances dans une journée et le prix augmente pour chaque client. Le premier client de la journée se pointe avec 5 minutes de retard et un bébé en crise. Calme le bébé et tu fais des photos. La petite famille repart finalement en même temps que la seconde arrive. Arrange tout ce beau monde, prends des photos. Ils partent à l’heure, ça va bien. Un texto du troisième client, il est pris dans le trafic et prévoit un retard de 10 minutes. Arrive pas. Stress. Arrive toujours pas. C’est finalement le quatrième client qui se stationne dans l’entrée du studio. Pas de trace du troisième. Silence radio, il ne répond plus aux textos. Décide de passer le quatrième qui attend en disant que ça libérera du temps pour l’arrivée du troisième. Après 10 minutes de séance, le troisième arrive enfin. Il cogne et est irritable parce que quelqu’un d’autre est en studio à sa place. Monsieur, c’est parce que vous êtes en retard de 20 minutes et que votre temps de séance serait terminé à cette heure. Si je ne passais pas ce client, les chances de reprise pour vous étaient nulles. Termine avec un, reçois l’autre frustré alors que rien de cette situation n’est la faute du photographe. Le cinquième? Il ne se pointe juste pas et ne croit pas bon t’en avertir. MAIS NON! Il se pointera 2 jours plus tard en même temps qu’une autre famille parce qu’il avait mal noté son rendez-vous. Le sixième arrive 30 minutes d’avance et te fait part de sa liste de demandes qui prendrait plutôt 90 minutes de séance. La maman sort son maquillage et son fer, elle n’était pas prête! Sa belle-soeur arrivera aussi bientôt pour une photo des cousins. Pourtant, le temps de séance était indiqué dans la confirmation de séance, qu’il fallait être prêt et qu’aucun changement de vêtements ne se ferait… Pourquoi les 4 enfants ont 3 kits chacun? Pourquoi la belle-soeur arrive quand il reste 7 minutes? Ça. Pendant une à deux semaines. Sur repeat. Vous comprenez combien c’est un service à la clientèle demandant? Pire, c’est toujours la cliente en retard et désorganisée qui sera celle qui te réécrira pour te dire à quel point elle est insatisfaite de ses photos et de son expérience. «Madame, vous aviez 3 enfants en bas de 5 ans à photographier en 20 minutes et vous êtes arrivée 12 minutes en retard. Il me restait 8 minutes.» … On garde le sourire et on espère qu’elle ne sera pas la crinquée qui aura comme mandat de détruire ta réputation sur les médias sociaux.

Attentes et demandes irréalistes en mini de Noël 

Les mini séances de Noël, c’est loin d’un service régulier ou d’une séance photo complète. Le temps est limité et le décor est aussi limitatif. C’est pourquoi un photographe peut avoir quelques poses possibles, mais pas une panoplie! Ce type de service rapide est comparable à un fast-food. Les clients paient une séance rapide, efficace et des photos qui seront satisfaisantes. Pour le photographe, ce ne sera pas le moment de réinventer la roue, mais bien une performance efficace pour rendre un maximum de gens heureux. Chaque famille aura des photos similaires et la créativité ne sera probablement pas aussi présente que lors d’une séance régulière d’une heure. Où je veux en venir? C’est que certaines familles arrivent avec des demandes ou des attentes irréalistes. Une séance photo de 15-20 ou 30 minutes, c’est court. On va à l’essentiel et le photographe ne peut pas recevoir un «petit» groupe de 12 dans son mini décor, faire 8 vêtements différents et regarder vos tableaux Pinterest regroupant 122 photos.

Les microbes, les virus et les nez qui coulent

Novembre, c’est la période par excellence des rhumes, des gastros et des nez qui coulent. Je suis sure que vous avez un enfant malade actuellement! En tout cas, moi j’en ai 2/3. Petit William a vomi cette nuit, mais il se sent vraiment mieux ce matin pour sa séance. Anaïs coule du nez, tousse comme si elle avait le cancer des poumons, mais elle va bien! Je ne compte plus le nombre de fois qu’on m’a fait le coup. J’ai même déjà eu droit à une gastro familiale suite au passage d’un petit qui avait vomi quelques heures avant sa séance. Je l’ai su quand sa grand-mère a demandé «Finalement, sa gastro est passée?» à sa mère. Dans ma tête, j’avais envie de sortir tout le monde en lançant de l’eau bénite par-dessus mon épaule. En réalité, j’avais déjà la moitié de la séance de réalisée et rendue là, le mal était fait puisqu’il m’avait déjà allègrement collé et salivé dessus (oui, c’est normal pour une photographe). J’ai officiellement eu la gastro et ma famille au complet a suivi. Nous sommes 5, une gastro, c’est long et ça complique drôlement une semaine de mini séances. Reporter 40 séances, c’est horrible! De nombreux virus circulent et je pense sincèrement que je n’ai jamais fait une série de mini séances sans être malade à la fin de la première semaine ou sans avoir conscience que plusieurs de mes petits modèles étaient malades. Malheureusement, par peur de perdre leur achat, des clients (tous les ans) se présentent avec des enfants visiblement pas en état. Nez qui coulent, humeur moche, toux bien grasse, yeux bouffis, fatigue et joues rouges. J’en ai même eu un qui a vomi son mucus tellement il était mal. Certains poussent l’audace en demandant à leur photographe de retoucher un nez dégoulinant à cause d’un virus respiratoire ou «pourrais-tu faire quelque chose avec ses yeux bouffis?». En plus de prendre le risque de rendre malade votre photographe et sa famille, vous risquez aussi de contaminer tous les autres qui suivront. Question d’ajouter de la gestion, il y aura aussi des annulations et des tentatives désespérées de proposer une date de reprise. Le tout, en s’adaptant à tous les clients qui ont des horaires différents «Moi je pourrais reprendre juste le dimanche.» ou «Moi ce serait de soir entre 19h00 et 19h30.» comme si nos 22 séances quotidiennes n’étaient pas suffisantes.

La gestion de la post-production et de la livraison des mini séances de Noël

Si vous pensiez que le bout difficile était fait, voilà le photographe qui est devant son écran à devoir trier 1864 photos. Crée un dossier pour tout le monde, classe et trie les photos. Première option, envoyer une galerie à tes clients qui font la sélection et te reviennent tous le 19 décembre avec l’espoir d’avoir les photos finales en 24 heures pour faire leurs cartes de Noël avec tant de retard. Deuxième option, le photographe fait la sélection pour ses clients et certains réécrivent pour changer leurs photos finales comme si tu ne venais pas de passer 30 heures à retoucher les photographies de tous tes clients. Gère les multiples courriels de la maman qui veut une reprise parce que son bébé ne souriait pas. Puis, de l’autre qui ne comprend pas comment télécharger les photos de sa galerie.

Dois-je arrêter de réaliser des mini séances de Noël?

Bien des photographes se sentiront attaqués par un article qui expose ma réalité, mais aussi celles de plusieurs collègues. Attention! Exposer une réalité sur un blogue ne veut pas dire que c’est partout pareil. Chaque photographe a sa personnalité, son modèle d’affaires, ses enjeux financiers et son approche. Ni même d’établir qui aime Noël ou pas, car sachez-le j’adore Noël même si je ne fais pas cette promotion annuelle! Ce qui convient absolument pas à un, peut être l’idéal d’un autre. L’important n’est pas de choisir un camp ou d’être meilleur que l’autre, c’est de sensibiliser les professionnels à faire les choses parce qu’on a envie de les faire. Pas pour suivre une mode ou une tendance. Si vous réalisez cette promotion tous les ans, que vous avez modifié les règles (ou pas) pour que cela vous rend heureux, alors go for it! L’important, c’est de créer une business qui vous ressemble et dans laquelle vous vous sentez bien. Et le bien-être, on l’a tous à différents niveaux selon nos besoins individuels. Certains clients me diront «moi mon photographe fait les choses différemment!» pour aller à sa rescousse. Ce à quoi je leur réponds «Et c’est parfait ainsi! L’important c’est que chaque photographe s’accomplisse et soit heureux pour lui-même.». Je fais du corporatif, pour certains, c’est la hantise. Un photographe pourrait haït le corporatif autant que je l’adore. Les visions artistiques et entrepreneuriales peuvent prendre une foule de destinations. C’est la beauté du métier.

Tout ça pour dire qu’une mini séance photo de Noël, ce n’est pas un projet si simple à organiser même si ça paraît minime. C’est plaisant pour les clients d’avoir accès à des séances à prix économiques pour les cartes de Noël. Dans les faits, si chaque client était en santé, à l’heure et conscients des enjeux que représentent une telle expérience, ça aiderait grandement le travail des photographes. Voilà pourquoi, cette année, je me suis retirée.

Ce n’est pas un manque d’amour envers ses clients ou le métier. C’est seulement pour choisir un travail qui me convient et me rend heureuses. Si je suis avec un client sans y être à 100%, pour moi, ce n’est pas donner le meilleur de la photographe que je suis.

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