Travailler des heures de fou, parfois trop. Courir après son temps, lancer 14 projets en une journée. Penser qu’au boulot et orienter sa vie que pour celui-ci. Les rencontres d’affaires, les partenariats et l’accroissement constant de son plein potentiel. Ça, c’était ma vie avant d’être maman. Quand on regarde derrière, ça peut être assez déstabilisant pour une workaholic de comprendre que la vie de maman, c’est parfois avoir l’impression de mettre un « hold » sur sa vie professionnelle.
Mon entreprise, c’est mon premier bébé. Pourquoi est-ce que je la compare encore à un bébé? Même si j’en ai un et que je sais ce que c’est!? Parce que les deux se ressemblent beaucoup qu’on le veuille ou non. Avoir une entreprise ou un bébé, c’est mettre tout ton être à la réalisation d’un objectif. C’est dormir peu, y mettre beaucoup de temps, d’énergie et au départ avoir beaucoup moins de gain que le temps qui y est investit. Dans le cas d’une entreprise, c’est du temps et de l’argent qui s’écoulent alors que les profits et retours prennent du temps. Dans le cas d’un bébé, c’est ô combien de couches à changer et de nuit à rester éveillée avant d’avoir un premier sourire. C’est donner ses valeurs et sa vision. C’est s’investir corps et âme en se sentant attaquée lorsque quelqu’un tente de s’y en prendre. C’est être incapable de prendre de vacances sans s’assurer que la sécurité de l’enfant ou de l’entreprise est garantie et les annuler s’il y a un gros imprévu…
C’est alors que depuis que je suis maman d’un vrai bébé que j’en attends un deuxième que je m’aperçois que je trouve ça difficile de mettre mon entreprise sur « hold » le temps de faire en quelque sorte d’autres bébés. De ne pas oser créer de nouveaux forfaits, promotions et activités ou formations en sachant très bien que je partirai en congé et que mon calendrier est presque complet d’ici ce moment. Que ma grossesse me donnera de moins en moins envie de faire des heures supplémentaires. D’attendre le retour pour la nouveauté, retour agrémenté de deux enfants en bas âge. En toute franchise, nous sommes un couple qui aimerait que le père porte le bébé, ça serait drôlement plus facilitant, car lui, son travail reste toujours assez similaire. Moi qui carbure aux projets, ce n’est pas évident de me concentrer que sur les bébés. J’ai le goût d’en faire trop, mais physiquement je n’y arrive pas. Le corps ne suit pas. Parfois, je regarde les photographes sans enfant en jalousant le nombre de projets qu’ils peuvent faire et les conditions dans lesquelles ils sont à l’aise de le faire. Travailler 82 heures comme il y a quelques années, version enceinte et avec un autre enfant de 2 ans, ce n’est vraiment pas pareil. C’est quelque chose que je ne peux plus me permettre et parfois, j’ai peur que ça me dépasse. Peur de ne plus être assez productive. On s’entend : la fille qui répondait aux courriels dans la minute, qui livrait les photos en 48 heures et qui faisait 4 séances par jour, elle n’existe plus. C’était peut-être trop au fond et la normale me fait paniquer. Finissant par me demander si ma vie de maman tuera ma carrière. En même temps, je sais que lorsqu’ils seront en âge d’aller à l’école, la dynamique sera complètement différente. Qu’ils nécessiteront moins d’attention constante et qu’ils auront un peu plus d’indépendance. Que je pourrai retourner tranquillement à une routine de travail plus rigoureuse. Pour l’instant, je regarde le futur à court terme, je vois une grossesse à mener à terme dans le bonheur, la naissance d’un nouvel amour à apprivoiser, un congé de maternité, l’adaptation à une nouvelle routine… Bref, je vois 2 ans avant de revoir un semblant de stabilité que je commençais à retrouver. Je vois 2 ans à espérer que tout ira bien à mon retour.
Mettre ma carrière sur « hold » pour la famille, ça fait partie du « deal » de la vie de maman. Je l’assume et ça n’enlève rien à l’amour que j’ai envers ma famille. C’est finalement espérer que tous mes « bébés » apprendront à bien vivre ensemble et que ma clientèle les appréciera dans les moments où ils seront tous reliés.