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Personnel: L’incertitude

Avec les années, je dois avouer que ma notoriété a augmenté assez rapidement. La réalisation de plusieurs mandats importants, la rencontre de nombreux clients et pour couronner le tout, l’écriture d’un livre cette année ont contribué à celle-ci. J’ose aussi souhaiter que la majorité de mes clients ont aimé collaborer avec moi, créer et pour finalement être satisfaits de leurs photographies. Mais parfois, j’ai peur que tout s’arrête. Comme si on allait un jour imposer une date d’expiration à ma passion.
Le côté sombre de la «notoriété» me fait peur. D’ailleurs, je n’aime pas utiliser ce mot. Ça donne l’impression que j’ai la grosse tête… Mais j’utilise plutôt les mots qu’on me met à la bouche. Quand on me félicite de mes réussites et de ma réputation. C’est quoi au juste de la notoriété? Si ça représente quelqu’un de passionné qui travaille fort  et qui aime ce qu’il fait alors ça me va. Si c’est plutôt une façon de catégoriser quelqu’un qui fini par être au-dessus de tout, incluant le plaisir qu’il a à effectuer son boulot. Ça ne m’intéresse pas, donnez la notoriété à quelqu’un d’autre! Ce qui vient avec ce mot, c’est aussi le moment où les gens ont des attentes très élevées par rapport à mes services, que je ne peux plus flancher. La perfection devient une norme, rien de moins. Du moins, dans ma tête, c’est ce que je dois livrer. Je dois parfois avouer que ça me donne l’impression d’avoir un poids énorme sur les épaules. Pas que je pense que je ne peux pas vous offrir un bon service, mais plutôt que je ne veux tellement pas décevoir qui que ce soit que je préfère m’ajouter de la pression que de mériter autre chose qu’un 100%. On m’a toujours dit que c’est lorsqu’on pensait être au sommet qu’on avait le plus de chances de tomber. Alors, je place mon sommet de plus en plus haut pour que je ne puisse jamais me faire lancer en bas… C’est ça ma stratégie il semblerait!
Être photographe portraitiste n’a jamais été un métier facile, je le savais dès le départ. Des photographes il y en a partout. Tout le monde en connait un. Mais moi, c’est mon métier, mon salaire et je l’aime d’amour. C’est mon âme-soeur professionnel ce travail. C’est devenu mon mode de vie, c’est mon rêve et il contribue à mon bonheur. Parfois, je me fais des scénarios du type «ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps et eurent plusieurs enfants», que ma carrière peut durer une vie, que le bon fonctionnement de mon entreprise sera toujours là dans 20 ans. Que je peux vivre de ma passion et savourer celle-ci, jour après jour, sans avoir peur de la suite. D’autres jours, je me dis que tout ça peut arrêter du jour au lendemain. Que c’est un métier qui manque de stabilité, que la venue de nouveaux photographes émergents finira par me faire tomber à coups de bas prix. L’incertitude est mon pire ennemi. Et c’est aussi ce qui me pousse à toujours vouloir me surpasser. Avec l’arrivée de ma fille, un nouveau sentiment a fait son entrée, ce besoin d’en prendre soin, de toujours être là pour la protéger et de devoir subvenir à ses besoins. Alors, je ne peux vous cacher que ça devient parfois un vrai combat dans ma tête quand j’analyse que je pratique un des métiers les plus instables avec un enfant qui lui, a besoin de stabilité. Si on pouvait me garantir une stabilité dans mon instabilité, mais il n’y a jamais rien de gagné. Au contraire, tout est toujours à gagner!
Je n’ai aucune idée du pourquoi je ressentais le besoin de faire un article de blog sur l’incertitude. Du moins, ça m’a terriblement fait du bien. C’est thérapeutique d’écrire. J’espère qu’il y aura quelqu’un à quelque part qui se sentira moins seul dans sa propre instabilité. Mais comme on dit… On a juste une vie! Alors, j’essaierai de vivre de ma passion le plus longtemps possible. C’est le mieux que je puisse faire.
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