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Photographe: Le rush d’avant Noël

La première neige vient tout juste de tomber que je ressens déjà les effets du temps des Fêtes sur ma vie. Être photographe avant la période des Fêtes (pour ne pas dire tout l’automne), c’est particulièrement demandant. Je ne veux pas dire que c’est pire ou mieux qu’un autre métier, je ne veux pas non plus dire que je n’aime pas ce que je fais. Je ne crois pas qu’il y ait un seul métier au monde qui n’ait pas de bons et de mauvais côtés. L’important c’est de voir plus de bons que de mauvais, chose que je fais avec le mien. Et même là, je ne dirais pas que c’est un mauvais côté, mais plus un aspect qui est plus difficile à gérer. Je veux vous parler de ma réalité depuis un peu plus de 4 ans en toute transparence. Pourquoi? Parce que je me suis dit que vous comprendrez peut-être un peu mieux le métier (pour les photographes qui se lancent), mais aussi certaines décisions que je peux prendre (pour les clients qui viennent me voir).
Ce fameux rush débute aux environs de fin août et début septembre, il fait parfois encore 30 degrés dehors et que je commence à faire des photos de Noël. La broue dans le toupet, la fausse neige jusque dans les bobettes (je ne comprends toujours pas comment elle fait pour se rendre là à chaque année!), les brillants, les boules de Noël, les cocottes qui laissent des miettes partout, les guirlandes qui laissent aussi des bouts scintillants dans tous les coins que je retrouverai partout pendant 3 mois et les séances dehors avec la météo toujours incertaine. La majorité des clients qui veulent des séances dehors, désirent absolument réserver pendant cette période de l’année. Pas l’hiver, pas le printemps, pas l’été… NON! C’est l’automne la plus en demande. Les feuilles colorées c’est si beau, on veut aller dehors. On imagine que notre séance dehors sera nécessairement à 20 degrés au soleil, sans vent et avec de belles feuilles. Mais comme c’est en réalité la saison des pluies et qu’il pleut ou fait gris 80% du temps au Québec, on doit reporter des séances à répétition ou les réaliser à 10 degrés avec du vent et avec plus de feuilles au sol que dans les arbres. Quand on doit trop en reporter, je me ramasse soudain avec des semaines de 8-9 shoots au lieu de 6 comme à l’habitude comme ça refoule jusqu’à fin novembre. Un shoot, c’est +- 2h00 de déplacement, de préparation et de prise de vue pour +-8 heures de retouche. Alors, quand j’ajoute 2-3 shoots à une semaine, je me ramasse parfois facilement avec 30 heures de travail additionnelles (s’ajoutant aux 50-60 heures en moyenne pour cette période), rien de moins. S’ajoute à ça, les contrats corporatifs. L’automne, c’est la période parfaite pour boucler les budgets de fin d’année et pour refaire à neuf les photographies d’entreprise. Les gens reviennent de vacances, tout le monde est disponible. Donc, on ajoute environ une séance corporative par semaine que ce soit de me déplacer en entreprise, faire des portraits d’affaire ou encore des photographies d’employés en studio. Celles-ci sont toujours «pour hier», ce qui veut dire qu’une fois les séances réalisées, allez «hop», on retouche, car les fichiers doivent partir! Puisque toutes les entreprises sont dans le rush, on court parfois après les clients pour recevoir des paiements, on s’essouffle à en relancer et on a de ce fait, une paie bien mince pour le nombre d’heures effectuées comme la rémunération semble pouvoir attendre plus longtemps que la possession des dites photographies. Au moins, juste avant Noël, on reçoit souvent une tonne de chèques des contrats d’il y a plus d’un mois. On a l’impression d’ouvrir des cadeaux de Noël avant le temps quand on ouvre une enveloppe d’un chèque qu’on a eu le temps d’oublier. Ensuite, les photos de famille, de bébé et d’enfants… Évidement, elles doivent TOUTES être livrées pour Noël. On veut les montrer à la famille, aux amis, en faire une carte. Seul bémol, les gens oublient souvent le temps de retouche. Donc, je me retrouve avec des clients qui prennent 2 mois pour choisir leurs photos, mais qui demande d’avoir une livraison en 2 semaines comme ils réalisent qu’ils sont à la dernière minute. Plus Noël approche, vous l’aurez deviné… Moins il reste de temps pour effectuer les retouches. On pédale de plus en plus rapidement. En décembre, c’est le tour des groupes. Les familles de 10 qui viennent se faire photographier, qui débarquent dans le studio pour faire le party. Qui parlent fort, qui rient et qui écoutent parfois très peu. L’instinction de voix qui vient avec, je me drogue aux pastilles pendant toute la période. Bien que ce soit des shoots particulièrement épuisants, ceux-ci me rappellent que Noël est proche et que moi aussi j’aurai bientôt la chance de retrouver les miens. C’est beau de voir toutes ses familles festives, mais c’est tout aussi beau de dormir comme une bûche lorsqu’elles quittent. Dans les prochaines semaines, voire jour, j’aurai autant de contrats, sinon plus et mon délai de livraison devra passer à 3, 2, puis 1 semaine pour satisfaire tout le monde. On se lève tôt, on se couche tard, on a mal au dos, parfois à la tête et on essaie à travers tout ça de préparer notre propre Noël. Comme si ce n’était pas assez (je trouve officiellement toujours le moyen d’en prendre plus), je lance mon calendrier annuel à cette période. Fais le design du calendrier, les tests d’impression, trouve des commanditaires, attend les paiements, relance, encaisse, va approuver le calendrier, va les porter aux points de vente. Ça c’est habituellement… Cette année, pour testé les limites de l’impossible, j’ai ajouté la publication d’un livre. Quelle idée folle! À travers le reste les contrats, le calendrier, pense à un lancement, un évènement spécial, organise quelque chose de bien avec le temps que tu as. Gère le stress de l’exportation qui prend définitivement plus de temps que prévue, sa sortie, son accueil du public. Bref, j’ai hâte qu’il soit arrivé ici et qu’il ne reste qu’à le promouvoir. Allez la poste, on se dépêche!
Vous êtes essoufflés en me lisant? Et bien, c’est aussi comme ça que plusieurs photographes se sentent une fois le 24 décembre venu. J’adore mon travail et il n’est nullement question de remettre ça en question. J’ose même dire que j’aime être dans le jus, sinon, je n’en ferais clairement jamais autant. Toutefois, cela veut aussi dire que non, je n’ai malheureusement plus le temps «pour une petite séance de famille le 22 décembre» ou encore «juste une photo de mon bébé pour la carte de Noël». Même si vous avez le plus beau des bébés. Même si vous êtes venus 4 fois dans le passé. Même si vous venez tout juste de connaitre mon travail. Même si vous avez la meilleure des raisons. Même si vous me menacez d’aller voir ailleurs. J’ai atteint ma limite pour cette année et en prendre plus serait nuire à tous mes autres contrats. Je préfère donc respecter mes engagements que d’en faire trop et de faire tout à moitié. Voilà, oh oh oh, Noël vient-en!
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