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Photographe: Top 10 de mes moments stressants

Être à son compte, peu importe le domaine, ça peut ajouter un stress de performance plutôt intense. On veut être bon, se faire remarquer et qu’on revienne nous voir. En fait, meilleur on est, plus on aura de clients. Par contre, être photographe à son compte oblige aussi à gérer un grand nombre de situations stressantes. Le genre de situations pendant lesquelles on ne peut pas dire «Je vais aller chercher mon gérant!». Voici donc mon top 10 des situations stressantes vécues depuis le début de ma carrière de photographe. Des situations qui donnent des chaleurs, la tremblote et des nausées…

10 – Plouf!

Mes flashs sont reliés à un émetteur que je place sur mon appareil photo. C’est ce qui me permet de les déclencher à distance et de les faire fonctionner. Celui-ci n’est pas très gros, disons de la taille d’un paquet d’allumettes. Je l’enlève souvent quand je sors dehors ou pour faire quelques shots en lumière naturelle pour ne pas qu’il me dérange ou qu’il prenne l’humidité de l’extérieur inutilement. Je le place ainsi toujours sur mon bureau pour ne pas le perdre. Alors que mes photos en lumière naturelle sont terminées, je décide de le remettre sur mon appareil. En le reprenant, je l’échappe… Pouf! Directement dans mon thé qui est à côté de mon ordinateur. Je vous avoue que les bidules électroniques n’aiment pas particulièrement le thé. Une centaine de dollars à l’eau et c’est le cas de le dire!

9 – Ne pas vomir dans le chocolat!

Je suis enceinte de quelques semaines de mon premier enfant. Je vomis sur demande et j’ai la nausée en permanence. J’enchaine les diclectins, les tisanes aux gingembres et tous les trucs possibles. Je suis un légume vert, j’ai même le teint. Je reçois une demande pour réaliser une prise de vue pour Chocolats Favoris. Je veux le contrat, j’adore leur entreprise. Je soumissionne et espère. Finalement, j’ai un retour, on veut collaborer avec moi. Je me présente à la séance avec mon assistant (mon chum), personne ne sait que je suis enceinte sauf lui. Je ne veux pas l’annoncer trop tôt vu les risques de fausse-couche. J’ai le coeur sur la flotte et un sac en plastique dans mon sac photo… Juste au cas. Je photographie des dizaines d’enfants mangeant du chocolat. Il y en a partout, ça sent le sucre, j’ai envie de vomir. Moi qui adore le chocolat, celui-ci me lève le coeur. Je termine la séance et manque de vomir dans le stationnement. Je me sentais tellement mal pendant cette séance. Le stress de performer sans que ça se voit que je veux vomir, mon Dieu!

8 – Accueil en pyjama

Je fais la grâce matinée, je suis en congé aujourd’hui. J’ai mon plus beau pyjama. Tsé celui que le haut troué qui date de 10 ans et des pantalons qui ne s’agencent pas. J’ai les cheveux en bataille et mon maquillage coulé de la veille. Je suis magnifiquement laide. Je suis tranquille chez moi, j’écoute la télé en déjeunant. Puis, DING DONG, je vais répondre et il y a une maman et un enfant. Je ne comprends pas ce qu’ils font là. Oups. Je n’ai pas regardé la bonne journée de mon horaire. Je me pensais en congé, mais j’ai des clients qui ne sont définitivement pas là pour le plaisir. Je les laisse au studio et leur demande 10 minutes, je m’habille, me fait une couette et hop, en studio! C’est aussi arrivé à une maman pour un shooting commerciale, mais cette fois, c’est elle qui était le mauvais jour! Disons qu’accueillir mes clients en pyjama n’est définitivement pas une situation que j’aime!

7 – Carte mémoire qui rend l’âme

C’était pendant un shoot de fête familiale. Le beau temps, du monde heureux et tout allait bien. J’avais plusieurs cartes mémoires en tant que bonne photographe responsable, mais aussi deux boitiers. Je fais la majeure partie de la fête avec une carte mémoire, mais vers la fin, je manque de place. Je me dirige donc vers mon sac et prend une nouvelle carte mémoire. Je la formate, comme d’habitude et poursuis pour les 15 minutes de fête qu’il me reste à couvrir. Pas de message d’erreur, rien. Une fois à la maison, je télécharge mes photos. C’est toujours la première chose que je fais pour ne jamais supprimer des photos qui ne sont pas sur l’ordinateur et mon disque dur. La première carte, presque 800 photos, c’est fait. J’insère la deuxième, des icônes de photos corrompues. Je ne trippe pas pantoute. Je panique même. J’achète un lecteur de carte, un programme pour aller chercher les photos, je ship même la carte chez un réparateur à mes frais. Rien à faire, la carte est morte et il n’y a rien que je pouvais faire pour éviter ce drame. Nous ne sommes jamais à l’abri d’un trouble électronique et ce, même si on utilise des cartes de qualité et qu’on change pendant un shoot. Je m’excuse à la cliente, je m’en veux tellement. Comme il n’y avait que 15 minutes de shoot, on en fait pas un cas et elle me pardonne, mais clairement, ça m’a valu plusieurs sueurs froides.

6 – Séances express dans la tempête…

Mes séances express de Noël se suivent dans un délai d’environ 15 minutes entre mes séances pour laisser le temps aux gens d’arriver et repartir. C’est la façon de payer moins cher pour vous que d’enchainer les séances. C’est le principe des séances express, le plus dans le moins de temps. On est en novembre et la première tempête de neige fait rage dehors. Les gens n’ont pas leurs pneus d’hiver et agissent comme s’ils n’avaient jamais vu de neige sur les routes. Il y a des accidents partout. Mon premier rendez-vous n’arrive pas. Mon deuxième en retard de 20 minutes, alors que la séance dure ce temps. Mon premier arrive finalement 1h00 en retard. En même temps que ma troisième et quatrième séance. Ma cinquième séance arrive 20 minutes plus tôt pour être sure d’y être. Bref, je me retrouve avec 4 à 5 clients en même temps dans le studio. Voulant tous réaliser leur séance avec des enfants de moins de 3 ans. Je dois gérer tout ce beau monde et satisfaire un maximum de gens. Je ne peux faire payer les gens à l’heure, je les passe en premier. Je me sens mal pour les personnes en retard. Bref, mon horaire qui était si structuré laisse place à une foule en studio. Certains très compréhensifs et d’autres qui soupirent. J’avais chaud!

5 – Urgence d’annuler

Avoir des enfants, c’est faire face aux imprévus de santé sur une base parfois régulière. Les moments où j’ai du annuler à la dernière minute sont toujours ceux où je me sens le plus mal à l’aise. J’ai peur que mes clients se présentent, ne prennent pas leurs messages. Je les harcèle en direct de l’urgence, ayant peur qu’ils se présentent au studio et qu’ils réalisent que je n’y suis pas. Depuis, je prends vos courriels, vos téléphones et vos numéros de cellulaire. Ma dernière épopée à l’hôpital, j’ai annulé les portraits affaire de quelques médecins. Tsé, des gens qui ont un horaire fou qui prennent des semaines avant de trouver la date qui fonctionne pour eux? Bin c’est ça. J’avais la nausée juste à y penser, mais pas le choix comme j’étais hospitalisée.

4 – Bénévolat pour Portraits d’étincelles

Vous le savez peut-être, je suis bénévole pour la fondation Portraits d’étincelles qui offre des portraits pour les bébés qui décèdent dans les heures qui suivent leur naissance ou même qui sont décédés lors de l’accouchement. Au départ, j’étais retoucheuse puisque je ne pensais pas avoir le courage de photographier un bébé décédé. On me téléphone puisqu’aucun bénévole n’est disponible. Si je ne vais pas photographier le bébé, il s’envolera sans que personne soit passer l’immortaliser. Je manque de vomir, je tremble, je ne me sens vraiment pas bien. Je fais tous les scénarios possibles dans ma tête. Et si le bébé décédait devant moi? Et si j’arrivais trop tard? Et si les parents étaient en état de panique? Et si je ne tenais pas le coup et me mettais à pleurer? Ce type d’engagement laisse place à beaucoup d’incertitude et d’émotions. Réaliser ces engagements sont très stressants.

3 – Deux groupes… En même temps!

Dans mes débuts, avant d’avoir une adjointe, j’étais celle qui gérais entièrement sa prise de rendez-vous. Ma popularité augmentait et les courriels qui entraient étaient de plus en plus nombreux. En plus des séances et de la retouche, je devais répondre à une dizaine de demandes par jour. Avec le surmenage vient aussi le risque d’erreur augmenté. Alors, par un beau samedi après-midi, ça cogne à la porte. Le groupe que j’attends, une douzaine de personnes. Je les invite à passer en studio avec le sourire. Tout va bien. Puis, 10 minutes plus tard, ça sonne à la porte. Je ne comprends pas trop, je pense à une livraison ou un colporteur. J’ouvre, malheur, un dix personnes. Je ne comprends pas. Ils me disent qu’ils viennent pour leur séance photo. Je CAPOTE. Mon hamster roule vite vite vite et je vérifie mes échanges. J’ai bien pris 2 groupes en même temps, j’ai omis d’en noter un. Un double booking comme on dit en bon franglais. J’ai du inviter le 2e groupe à aller prendre un café, car je ne pouvais clairement pas réaliser deux séances. Que je les ferais à la suite l’une de l’autre avec un rabais. Les clients très fâchés (et je comprends tellement), quittent pour revenir un peu plus tard. Tout le monde était content de leurs photos, mais après cette situation paniquante, j’ai engagé ma première adjointe. C’est là que j’ai réalisé que je ne pouvais plus tout faire au sein de mon entreprise.

2- Panne de courant… Pendant un shoot!

Je reçois l’entreprise Logisco en studio. Il y a une dizaine de personnes. Elles sont tous sur des horaires différents, certaines ont même travaillé la nuit précédente. Les regrouper a été du sport et plusieurs ont hâte d’aller se coucher. On débute la séance et tout va bien. C’est rapide, efficace et tout le monde est heureux. Au bout d’environ 90 minutes de séance, mes lumières s’éteignent. Je pense à un breaker qui a sauté, ça arrive à l’occasion. Quoique rare, ça reste une possibilité. Finalement, non, mon quartier complet vient de perdre le courant. Je suis seule, avec une groupe de dix, en pleine séance. Mon coeur bat vite, je suis en mode solution. On regarde le site Web d’Hydro-Québec pour voir ce qui en est. On ne sait pas quand le courant va revenir. On envisage de déplacer la séance dans leurs bureaux, mais je n’ai définitivement pas prévu à mon horaire de me déplacer et monter un studio portatif. Juste déplacer le fond de 9 pieds, c’est un défi. Je sors finalement des batteries de flash que j’utilisais lors des séances dehors avec flash. Elles sont encore du jus. On fait quelques photos à la batterie et on roule pour éviter qu’elle se décharge. Le courant revient environ 15 minutes plus tard et on termine la séance sans problème. Je devais être mauve, mais une chance, on ne me voyait pas trop vu le manque de lumière haha!

1 – Flash en feu!

Je fais des séances express pendant un après-midi pour la fête des mères. Les séances s’enchainent et se déroulent bien. Puis, pendant une séance, je vois quelque chose d’anormal. De la grosse fumée sort de mon flash en marche. En 9 ans, je n’ai jamais vu ça. L’odeur devient très forte, la fumée de plus en plus noir. Je débranche le flash et me dépêche à le sortir dehors pour éviter que mon détecteur de fumé relié à la centrale se déclenche. J’envoie mes clients près de la sortie et ouvre la porte. Ça sent mauvais, une odeur de plastique brûlé qui reste dans le nez. Le flash est perte totale, je suis sous le choc et limite crise d’angoisse. Mon coeur bat rapidement, j’ai des sueurs. Sachez que j’utilise des flashs de qualité (c’est ce qu’ils disent du moins!), des marques connues, pas des flashs achetés sur Ebay de marques asiatiques cheap. Un coup de malchance, si je n’y étais pas, le studio passait au feu!

Voici donc, la vie du photographe est rarement un long fleuve tranquille. La vie du travailleur indépendant non plus. Évidemment, il y a aussi les insatisfactions qui peuvent vous ruiner une journée ou même une semaine. Même si j’ai la chance qu’elles soient rares, je suis rongée de l’intérieur lorsqu’un client me fait part d’un mauvais commentaire. Il y a aussi les plagiats qui, me font bouillir. Dans ces cas, ce n’est pas du stress, mais des sentiments négatifs tout aussi forts. Je dois apprendre à me détacher. Photographier le maire Régis Labeaume ou encore Gino Chouinard, ça aussi ça donnait un petit stress. Alors, en faisant le choix d’être à votre compte, vous devez aussi être prêt à régler vos problèmes… Tout seul!

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