Les photographes de mariage sauront instantanément de quoi je parle quand je qualifie quelqu’un d’« Oncle Bob ». C’est un surnom commun en photographie qui cible les gens (souvent les invités d’un mariage) qui se prennent pour les photographes officiels le temps d’un évènement. Souvent un beau-père ou justement un oncle qui s’est acheté un réflex et qui rêvait de l’utiliser. Ces « Oncles Bob » sont souvent détestés des photographes officiels. Ils sont dans leurs pattes, les empêchent de réaliser de bonnes shots et sont toujours là où il ne faut pas. Ce qui rend la création difficile et qui fait parfois rater des prises de vue. À vrai dire, si on vous qualifie d’« Oncle Bob », c’est probablement que vous avez dérangé le photographe et c’est plutôt à connotation négative. J’aime mieux dire que j’étais une invitée qui prenait des photos qu’une « Oncle Bob » finalement…
En fin de semaine, j’étais invitée à un mariage d’un couple d’amis, d’abord de mon conjoint, mais aussi les miens à force de les côtoyer. Quoiqu’avec bébé, les occasions sont plus rares, mais ça, c’est une autre histoire! Bref, je n’étais pas photographe officielle et j’étais donc une invitée qui prenait des photos… Sortez vos tomates! Certains photographes signent des contrats stipulant que les invités ne peuvent apporter leur appareil photo et prendre des photographies. Que le photographe est exclusif. Si les mariés sont prêts à signer ce contrat et qu’ils sont à l’aise avec la situation, je trouve alors que c’est légitime et respectueux envers les mariés de ne pas le faire. J’ai d’ailleurs été la première à demander aux futurs mariés si je pouvais apporter mon appareil et si la photographe m’en donnait l’autorisation. Personnellement, je ne suis pas tellement en accord avec une telle politique, et même lorsque je suis moi-même photographe, je ne fais signer aucune clause qui stipule ce genre de pratique. Bien que j’avertissais mes mariés que je désirais être seule avec eux le temps des photographies de couple, mais aussi de faire savoir aux invités passionnés de photographie de respecter mon titre en laissant les allées libres et en ne se plaçant pas devant moi. Simple question de respect. Je trouve cependant que c’est une forme de censure et que c’est plate pour les invités qui se sont mis sur leur « 36 », qui attendent cette journée avec impatience et qui n’auront parfois jamais vraiment accès aux photographies officielles de ne pas en prendre eux-mêmes. D’ailleurs, photographes qui optez pour une telle politique, j’imagine que vous prévoyez un support permettant aux invités d’obtenir aussi les photographies et de pouvoir les voir? Dans un cas contraire, ce n’est pas plutôt le photographe qui manque de respect envers les invités des mariés? De les empêcher de prendre des photographies, mais aussi de ne pas leur donner accès aux vôtres? C’est un peu comme de leur dire « Ne prenez pas de photos, mais vous n’aurez pas vraiment de souvenirs tangibles non plus à moins de “gosser” les mariés! » en refilant la problématique aux mariés qui devront transmettre les photos et perdre de leur précieux temps pour le faire. Encore une fois, un autre débat, mais je pense sincèrement que si l’on crée une telle politique, on doit aussi assumer professionnellement les conséquences de celles-ci. Les souvenirs sont oui pour les mariés, mais n’oubliez pas que les invités aussi vivent un moment spécial de leur vie en assistant à un mariage. Qu’ils ont aussi droit aux souvenirs dans leur album photo!
Avant de sauter aux barricades, je dois aussi dire qu’il y a des « Oncles Bob » qui sont vraiment difficiles à gérer pour ne pas dire dérangeants. J’aime mieux me dire « invitée qui prend des photos » qu’Oncle Bob. Pour moi, c’est différent. C’est une question de respect et ça va des deux côtés. Si vous êtes photographe, mon opinion (et je le précise, l’opinion, c’est personnel!) est qu’il n’est pas respectueux de demander à être le seul à posséder un appareil. Toutefois, si vous êtes un invité, je trouve tout aussi irrespectueux de votre part (envers le photographe, mais aussi envers les mariés) de se placer devant le photographe officiel, de prendre plus de place que lui ou encore de le coller de si près qu’il entendra votre souffle dans son cou (et oui, tout ça est un fait vécu). Les politiques de la sorte sont souvent créés pour la minorité dérangeante et non pour les invités qui prennent des photos de leur siège sans déranger personne. C’est un peu comme dans une classe au primaire quand tout le monde est puni parce que « Keven » était turbulent. Ça pénalise tout le monde. Alors, pourquoi être une « Oncle Bob » ou plutôt une invitée qui prend des photos alors que je suis moi-même photographe professionnelle et que je connais la réalité de ce métier? Ça peut sembler simple comme réponse, mais bien parce que ce sont MES souvenirs. Les photographies que le ou la photographe officiel(le) prendra ne sont pas mes souvenirs, ce sont ceux des mariés. Les photographies de couple auxquelles je n’assisterai pas, le baiser à 6 pouces de leur visage que je voyais plutôt de très loin au fond de l’église, la première bière dans le stationnement avec d’autres invités tandis que les mariés n’y sont pas, ou encore les éclats de rire de fin de soirée. Les photographies que j’ai réalisées (et celles des autres invités qui prennent des photographies) deviennent mes moments, mais aussi les moments des invités et non ceux spécifiquement des mariés. À vrai dire, je n’ai que très peu de photographies des mariés comme je savais qu’ils en auraient des centaines. Est-ce que je me suis placée devant la photographe? Jamais. Est-ce que je suis allée dans l’allée et j’ai dérangé des gens? Jamais. Est-ce que je suis restée à ma place d’invitée? Oui, la majorité du temps, sauf au moment où on m’a demandé de prendre certaines photos comme la photographe n’y était pas. Dans toute ma soirée, j’ai dû prendre une centaine de photos (contrairement à des milliers quand je suis photographe officielle). J’ai rangé mon appareil (et mon seul objectif) plusieurs fois afin de profiter du moment et il a terminé sa soirée dans ma voiture. Est-ce que les souvenirs que j’ai créés sont uniques? Oui, je pense bien! Et est-ce qu’ils reflètent ceux de la photographe officielle? Probablement pas! Est-ce que j’ai dérangé son travail? Non, puisque j’étais à l’endroit où j’étais invitée à être. C’est-à-dire, à mon siège, à ma table ou encore avec nos amis. Est-ce que les mariés sont généralement heureux d’obtenir les photos des invités? Je pense que oui, car ils ont une valeur différente à leurs yeux… C’est pourquoi je trouve inadéquat de demander à ce que les invités ne prennent pas de photographies.
Voici donc, en terminant, quelques photos de l’invitée que j’étais…