Facebook est un endroit où on peut promouvoir nos idées, aimer des artistes, suivre des journalistes ou encore encourager des entreprises. C’est un lieu qui nous permet à coups de «like» de montrer notre couleur, nos opinions et notre identité. On a tous un souverainiste engagé, une écolo qui s’assume, un carré vert et un amateur de radio X dans nos amis Facebook. À force d’aimer des pages, de commenter et d’interagir, Facebook a créé aux gens une personnalité Web. Des opinions qui divergent, des débats qui perdent leur sens à coups d’insultes, de moqueries ou de condescendance.
En regardant mes mises à jour, j’ai découvert le statut d’une photographe d’Indianapolis dont je regarde le travail régulièrement depuis un temps déjà. Celui de Rachel Vanoven, une photographe spécialisée en photographie de bébé et de famille en lumière naturelle. Aujourd’hui, son statut parlait de l’opinion sur le Web, mais de manière nuancée, presque poétique. J’ai adoré et je devais vous en faire part. Pour vous mettre en contexte, elle a publié dans la journée une photographie qui expliquait différentes réalités entre quelqu’un qui effectue du plagiat et quelqu’un qui créé. Un peu comme on partage des images des différences entre un gars et une fille, de la différence entre un chat et un chien… Rien de très mesquin. Quelque chose auquel elle croyait, qui la faisait sourire, mais qui ne vous obligeait en rien à penser la même chose. Elle a suscité de vives réactions, un peu comme je le fais parfois avec mes articles, mais avec environ 20 000 adeptes de plus dans son cas. Voici donc le statut qu’elle a écrit en réponse à cet énervement collectif sur son opinion.
Rachel Vanoven Photography
«I love flowers. I think they make people happy. I’m sorry if you hate flowers. I think they are beautiful. If you hate them, please feel free to tell me how much you disagree with my love of them. Please don’t try to tell me that I shouldn’t love them. If you don’t want to hear me talk about how much I love flowers, take a walk and step on every flower you see, or read about about how much they suck. But please, don’t let my opinion on flowers ruin your day, or get you worked up, because it’s simply an. opinion.
Pour faire une traduction approximative en français:
«J’aime les fleurs. Je pense qu’elles rendent les gens heureux. Je suis désolée si vous détestez les fleurs. Je pense qu’elles sont belles. Si vous les haïssez, sentez-vous libre de me dire combien vous n’êtes pas d’accord. Mais s’il-vous-plait, ne me dites pas que je ne devrais pas les aimer. Si vous ne voulez pas m’entendre dire combien j’aime les fleurs, prenez une marche et écrasez toutes les fleurs que vous verrez ou lisez un livre sur combien elles sont ridicules. Mais s’il-vous-plait, ne laissez pas mon opinion sur les fleurs ruiner votre journée ou vous laissez vous emporter, parce que c’est simplement une opinion.»
Elle parle de fleurs. Simplement de fleurs. Au Québec, elle aurait pu remplacer ses fleurs pour parler d’occupation double, de la séparation du Québec, des carrés rouges, de son amour pour le country, de radio X, de corruption ou encore de subventions artistiques etc. Un message pour vous montrer qu’il est normal que tout le monde ait des opinions. C’est même très saint d’en avoir. Toutefois, sur le Web, l’opinion prend souvent des proportions gigantesques. On ne veut plus comprendre les autres, on veut imposer notre école de pensée. Comme si on tenait à suivre une page qu’on déteste. Personnellement, je n’aime pas l’Auberge du Chien noir, j’ai essayé, mais non je trouve ça quétaine. Est-ce que je tente de l’écouter à chaque semaine pour mieux détester cette émission? Non. Je change de poste et j’écoute autre chose. Ça ne fait de mal à personne et je suis heureuse. Je n’aime pas non plus le jambon et bien, imaginez-vous que je n’en mange pas et je n’en fais pas un drame. Et vous auriez beau me dire 100 fois par jour que le jambon c’est bon, ça ne changerait en rien mon opinion. Peut-être même qu’à la longue, je le détesterais encore plus. Rachel est photographe, tout comme moi, peu importe ce que nous pensons, on n’a pas le pouvoir d’en faire une loi, pas le pouvoir d’envoyer en prison ceux qui ne pensent pas comme nous, ni de déclencher une guerre à la Hitler. Pourtant, vous nous répondez parfois comme si c’était le cas. Ce, pour une simple opinion qui si ignorée, ne change rien. Tout comme à la télévision, parfois vaut mieux changer de poste quand on aime pas.
Lorsque vous rencontrez quelqu’un qui n’a pas la même opinion que vous, est-ce obligatoire d’en faire une bataille? Une guerre? Surtout sur le Web, si je vois quelque chose qui ne me plait pas, je ne partage pas, je ne «like» pas. Je passe à côté et continue ma vie. Comme je le ferais devant un morceau de jambon ou l’Auberge du Chien noir. On enseigne pas aux enfants d’ignorer ce qui ne fait pas leur affaire? Pourtant, certains adultes prennent l’opinion comme étant un débat personnel et une manière de pouvoir imposer leur vérité absolue. Combien de carrés rouges se sont battus avec des carrés verts au printemps et vice versa sur les médias sociaux? Et à la finale, peu de carrés rouges ont changés d’opinion et peu de carrés verts ont changés d’opinion. Sinon qu’ils détestaient encore plus l’autre clan et que l’animosité était encore plus forte. Même chose pour un sujet futile comme les télés-réalités. On s’entend que si tu aimes la page d’occupation double, tu n’es peut-être pas à ta place si tu détestes occupation double? Si tu y vas juste pour dire combien c’est un «show» de merde, que ça rabaisse l’intellect des gens, que c’est idiot, que tu connais tous les participants, mais qu’ils sont tous imbéciles. Trouver une vie, mon seul conseil. Alors, pourquoi accordez plus d’importance sur le Web aux opinions qu’on déteste plutôt que celles qu’on aime? Après tout, si une personne aime les fleurs, elle a bien le droit et qu’est-ce que ça changera dans votre vie?
Bien entendu, si vous n’aimez pas cet article, je vous invite à l’ignorer. Votre vie et la mienne sera beaucoup plus plaisante et vous pourrez prendre plus d’énergie pour ce que vous aimez. Et si vous l’aimez et bien tant mieux, «likez» et partagez et soyez tout aussi heureux. Bonne journée !
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