La photographie a toujours été une passion profonde pour moi, mais cette passion a pris un chemin inattendu avec la venue de ma troisième grossesse et une pandémie mondiale. Lorsque j’ai commencé ma carrière, je me spécialisais auprès des familles, des enfants et des femmes enceintes pour créer des souvenirs, qui je l’espère, dureraient toute une vie. Mais, à mesure que ma vie personnelle et professionnelle évoluait, j’ai réalisé que cette voie n’était plus alignée avec ma réalité. Et ce, même si j’aimais tellement les humains que je côtoyais. Pourquoi passer de photographe de famille à photographe corporative?
Photographe, mais aussi maman de 3 enfants
Être maman de trois enfants est un des grands bonheurs de ma vie, mais c’est aussi un défi quotidien intense avec une entreprise. Chaque jour est une course dans laquelle on ne gagne jamais vraiment contre la routine des repas, des lunchs, des devoirs, des conflits, des pratiques de sport, du lavage et des tâches courantes. Les séances photo de famille, souvent planifiées les soirs ou les week-ends, empiétaient sur ces moments précieux que je voulais dédier à ma propre famille. Parfois, même sur le temps que je pouvais m’accorder à moi-même. J’avais souvent l’impression de n’être jamais au bon endroit. Tantôt avec mes enfants à négliger mes clients, tantôt avec mes clients à négliger mes enfants. Et moi? Je restais la grande négligée de l’ensemble de mon temps.
Travailler la fin de semaine: un poids lourd
Le métier de photographe professionnel, c’est vraiment un beau métier. Encore aujourd’hui, je me considère très choyée d’avoir autant fait dans ce créneau. Ce que peu de gens réalisent, c’est que les séances photo de famille sont presque toujours programmées les fins de semaine. Pour les familles que je photographiais, c’était un moment de loisir, de détente. Mais pour moi, c’était du travail. Je manquais le premier but au hockey, le premier cours de natation, le tournoi de basketball, le brunch familial et je brillais par mon absence dans l’ensemble des activités familiales. Si je pouvais continuer le même métier, sur semaine uniquement, je crois que la décision aurait été différente. D’ailleurs, en 2024, j’ai reçu encore plusieurs familles dans ces plages horaires.
Pandémie mondiale, accouchement et annulations
La pandémie est arrivée lorsque j’étais enceinte de 26 semaines de mon troisième bébé. Comme pour plusieurs personnes, elle a littéralement tout bouleversé. Les séances prévues ont été annulées ou reportées indéfiniment. Les moyens financiers de la maison ont drastiquement diminués. Je me suis retrouvée mère à la maison, enceinte, stressée, en diabète de grossesse avec 2 enfants. Une en première année qui doit apprendre à lire et écrire et l’autre d’âge préscolaire qui a besoin d’attention constante. L’incertitude était épuisante et j’ai souvent passé des soirées à recalculer les finances pour voir comment on y arriverait si j’arrêtais aussi longtemps pour ce bébé… Moi qui arrêtais habituellement que quand j’avais 36-37 semaines de grossesse (et pour quelques semaines seulement) pour laisser mon conjoint être papa à la maison. De l’autre côté, les contrats que j’avais pris en marketing me sauvaient puisqu’ils pouvaient continuer (merci GSE et Prenato)! Ce climat d’instabilité m’a quand même poussée à réfléchir à une nouvelle direction qui pourrait m’offrir davantage de stabilité et une meilleure organisation familiale pour l’avenir.
Réorientation vers la photographie corporative
Depuis plus de 15 ans, je réalise régulièrement des portraits corporatifs et de la photographie corporative en entreprise. Je n’ai toutefois jamais poussé pour m’ancrer dans ce créneau. Toutefois, lors de la pandémie, ce type de photographie permettait plus d’opportunités. J’ai rapidement compris que cette spécialité me permettait de concilier ma passion et mes besoins personnels. Les horaires étaient souvent en semaine, pendant les heures d’école de mes enfants, et les projets étaient moins soumis aux caprices de la météo ou aux imprévus des tout-petits. En fait, une entreprise n’annule à peu près jamais une séance photo, contrairement à une famille avec des enfants. D’un autre point de vue, je réalisais que mes photographies pouvaient vivre autrement et que mon talent pour cette mission était tout aussi présent. C’était une manière différente de créer des souvenirs, mais tout aussi gratifiante.
Photographe professionnelle et consultante marketing à Québec
Depuis cette transition vers le corporatif, ma vie a changé pour le mieux. Je me sens encore un peu déboussolée par toutes ces formations, tous ces changements, tous ces nouveaux mandats et cette nouvelle organisation, mais j’ai retrouvé du temps de qualité avec mes enfants, ces moments où je peux simplement être maman. Financièrement, je suis définitivement moins exposée aux aléas des annulations et des fluctuations saisonnières. J’oserais même dire que j’ai connu une croissance surprenante. Et, professionnellement, je me sens épanouie en créant des portraits qui ont un impact dans le monde des affaires, mais aussi en offrant un service plus global avec la consultation marketing. Ce contact humain, je le retrouve maintenant en devenant le bras droit de plusieurs entrepreneurs. C’est un peu comme si mon expérience et mon rêve réalisé comme photographe indépendante m’avait permis d’aider les autres à réaliser les leurs.
Passer de la photographie de famille à la photographie corporative n’a pas été une décision facile, mais c’était la bonne pour ma réalité. Cela m’a permis de redéfinir mes priorités et de trouver un équilibre entre ma vie personnelle et professionnelle. Chaque changement apporte son lot de défis, mais je suis reconnaissante d’avoir trouvé une voie qui répond à mes besoins actuels. En plus, les entreprises semblent bien satisfaites puisqu’il semblerait que la photographie de famille m’a donné des qualités qui facilitent mon arrivée en entreprise…
Après tout, quand tu es habituée de gérer un 2 ans en crise, c’est facile de gérer Suzanne qui a oublié son rouge à lèvres, Bruno qui a un veston froissé et le CEO qui s’excuse d’être en retard de 20 minutes!